nesezy_art (instagram)
[ Société ]

Une sensibilité environnementale déculpabilisée

Avoir une sensibilité aux enjeux environnementaux n’a rien de reposant. En particulier, la culpabilité suscitée par le contraste entre ses actions et ses valeurs peut rendre son quotidien complexe, voir mettre à mal son bien-être mental. Cependant, cette culpabilité n’est pas une fatalité. C’est ce à quoi t’invite l’article suivant : une sensibilité environnementale déculpabilisée.

T’est-il déjà arrivé·e·x, dans tes efforts environnementaux, de recevoir une remarque semblable à : « Tu fais ton produit vaisselle toi-même mais tu manges de la viande. Tu vas au travail en train mais tu vas chercher tes gosses à l’école en voiture » ? En gros, des remarques qui soulignent tout ce que tu ne fais pas pour la planète. Ou au contraire, te rends-tu compte que tu en as été l’auteur·ice·x de ces remarques ? Dans le même registre t’a-t-on ou as-tu déjà fait la moral ou forcé·e·x à agir d’une certaine façon pour la protection de l’environnement ? Et finalement, t’arrive-t-il de culpabiliser, d’avoir l’impression de ne pas en faire assez, d’être incohérent·e·x dans tes actions pour le climat ?

Ces remarques peuvent venir de proches ou de soi-même mais peuvent également être véhiculées sur les réseaux sociaux ou dans les médias. Le but de cet article est de se demander comment vivre son engagement en faveur de l’environnement sans se culpabiliser et sans culpabiliser autrui.

Commençons par mettre au clair ce que déculpabiliser ne signifie pas.

Accepter la mauvaise foi ou les fausses informations

Il existe de nombreuses preuves scientifiques corrélant les activités humaines à un impact néfaste sur le vivant. Malgré tout, certaines personnes sont mal informées ou refusent d’accepter la véracité de certaines informations. Par exemple, si une personne t’affirme que la production de viande n’a aucun impact environnemental, la contredire et l’informer est primordial. Il est tout autant important de ne pas porter un jugement de valeur sur ses comportements mais de la sensibiliser et de lui transmettre les connaissances nécessaires à une prise de décision éclairée.

Nier ses incohérences

Même après une prise de conscience et une modification de ses habitudes, il est compliqué, voire impossible, d’être entièrement en cohérence avec ses valeurs. Agir de façon la moins néfaste pour le vivant englobe de nombreux comportements donc certains sont difficiles à mettre en place. Par exemple, je suis végétarienne et je diminue ainsi des émissions de gaz à effet de serre, de la déforestation et la culture intensive nécessaire à nourrir le bétail. Néanmoins, cet article, je l’écris sur un ordinateur conçu à partir de matériaux rares dont l’extraction a un impact environnemental désastreux, sans parler de la façon dont sont traitées les personnes qui récoltent ces matériaux. Ou, par exemple, certain·e·x·s végétarien·ne·x·s mangent des produits de l’autres bouts de la planète. Ou celleux qui mangent locales mangent de la viande nourrie au soja du Brésil. En soit, il s’agit d’une incohérences.Déculpabiliser ne signifie pas dire que, non, c’est tout à fait logique mais accepter que, oui, c’est incohérent mais que pour le moment, j’en suis là. Ce qui ne m’empêchera pas de changer mes comportements dès que j’en serai capable.

Se déresponsabiliser

Il est impossible d’être cohérent·e·x jusqu’au bout et il est nécessaire de l’admettre et de ne pas en culpabiliser. Cependant, il ne s’agit en aucun cas à une invitation à baisser les bras et se dire que « de tout façon comme c’est impossible, autant faire ce que je veux et tant pis pour l’environnement ». Nous avons tou·te·x·s une responsabilité face au dérèglement climatique et celle-ci nous incombe. Aussi réduite soit-elle, aussi insignifiante soit-elle, nous avons une marge d’action et y faire face est nécessaire. Et ce, sans culpabilité, ce qui passe par deux notions clés :

Le respect de ton rythme ainsi que de celui des autres et la bienveillance.

En effet, changer ses habitudes afin de les rendre plus respectueuses de l’environnement demande du temps et de l’énergie. Ces deux aspects varient fortement d’un individu à l’autre. Tu n’auras pas les mêmes efforts à faire que tes proches et certains changements te seront peut-être plus accessibles que d’autres. Cela te prendra du temps, ou t’a déjà pris du temps, tu as sans doute fait des erreurs et il te reste encore de nombreuses incohérences sur lesquelles travailler. C’est tout à fait normal. Tu suis ton rythme, tu tentes de lutter contre le dérèglement et les injustices climatiques tout en respectant tes limites. Et c’est aussi valable pour les autres, pour nous tou·te·x·s.

C’est ça la bienveillance : s’accepter et accepter les autres dans leurs difficultés, leurs réticences et tenter de les inciter, ou de s’inciter, à vivre de façon plus durable. La bienveillance en elle-même accompagne les luttes actuelles pour l’environnement, car prendre soin de l’environnement, c’est aussi prendre soin de soi et des autres.

Aussi nombreux·se·s·x que nous soyons, nous avons tou·te·x·s un rôle à jouer dans la construction d’un futur meilleur. En le faisant à notre rythme, en respectant nos valeurs et les autres dans leur diversité, nous parviendrons à ce monde plus juste, plus bienveillant et respectueux de chaque vie.