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[ Société ]

Les fêtes de fin d’année et les systèmes de production

Ou comment envoyer des milliers de poules à l’abattoir en janvier

Ne t’es-tu jamais demandé comment il était possible qu’on ait touxtes une dinde ou une bonne bûche de Noël sur la table lors des repas de fin d’année ?

Ah, la dinde de Noël… véritable tradition aux Etats-Unis, en France on pourrait parler du foie gras. Mais comment est-il possible que chaque famille puisse profiter d’un repas si copieux le même jour ? Quand on fait les courses le 23 ou le 24 décembre, on se rend compte de la quantité énorme d’achats effectués à cette période et du défi logistique que cela représente. Mais comment est-il possible de produire autant d’aliments qui soient tous prêts en même temps ? Les systèmes de production se sont adaptés à nos habitudes de consommation, pour notre plus grand bonheur et souvent un impact environnemental maximal. Nous allons nous intéresser au cas particulier des œufs.
Les œufs connaissent deux pics de consommation principaux : avant Noël, pour réaliser des biscuits et autres desserts, et naturellement à Pâques. Pour répondre à cette demande très forte, les agriculteurices sont contraint·e·s d’envoyer à l’abattoir bon nombre de poules pondeuses après lesdites échéances, sans quoi le reste des œufs produits ne serait pas consommé.
Les poules peuvent vivre environ 5 à 8 ans [1]. Cependant, les pondeuses sont gardées uniquement 70 semaines, après quoi leur production d’œuf baisse et n’est donc plus intéressante d’un point de vue économique. Maigre consolation, leur viande est désormais valorisée dans le ¾ des cas, ce qui n’a pas toujours été le cas. Cette pratique est une belle métaphore de notre société : on produit et on utilise des choses pour une durée limitée et quand on n’en voit plus l’utilité, on les jette.
Cette réalité n’est pas connue de tous les consommateurices, qui souvent achètent ce qui leur est proposé dans les grandes surfaces. Leur rôle est souvent minimisé : on se cache derrière l’argument qu’on achète ce qui est proposé… alors que c’est le moteur qui permet à ces pratiques de perdurer. Voici quelques pistes d’action : avoir une consommation régulière d’œufs au long de l’année et privilégier les œufs des fermes à proximité.
Les œufs ne sont qu’un exemple parmi les nombreux aliments que nous consommons qui connaissent de brusques pics de consommation.
L’abondance à laquelle nous avons été habitué·e·x·s n’est de loin pas une évidence et c’est déjà un grand pas que d’en prendre conscience. A chacun·e·x·s d’agir selon ce qu’iel considère être juste.

N.b. : nous sommes reconnaissant·e·s envers tous les agriculteurices qui travaillent très dur pour nous fournir des aliments de qualité. La remise en question concerne les systèmes de production en général, qui sont guidés par la demande des consommateurices


Sources et liens utiles

[1] Daniel Wuergler, responsable marketing de Gallo Suisse.
Emission A Bon Entendeur, RTS, 16 novembre 2021: https://pages.rts.ch/emissions/abe/12541486-bio-la-poule-aux-oeufs-dor.html
Emission On en parle : Tout sur les poules pondeuses, RTS la 1ère, 31 mars 2015: https://pages.rts.ch/la-1ere/programmes/on-en-parle/31-03-2015#6625741