[ Coin lecture et ciné ]

Alessandro Pignocchi et son Petit traité d’écologie sauvage, tome 1

Compte rendu de lecture

De par Le petit traité d’écologie sauvage Alessandro Pignocchi nous fait redécouvrir la relation de nos société modernes vis-à-vis de la nature sous une nouvelle approche. Ainsi, des sujets de sociétés touchant à la politique ou à la sphère privée nous sont présentés de part des valeurs différentes, celles d’un peuple bien lointain du notre… 

Un auteur publie dans le but de partager son savoir, ses expériences, ou encore ses doutes et émotions avec les lecteurs. En gros, il matérialise une partie de son âme sur le papier. Selon moi il est intéressant d’en apprendre plus sur la vie de l’auteur afin de comprendre d’avantage son œuvre. Je vais donc commencer par vous dire quelques mots sur l’auteur du Petit traité d’écologie sauvage dont le tome 1 est paru en 2017.   

Alessandro Pignocchi est un ancien chercheur en sciences cognitives et en philosophie, deux domaines jouant une part importante dans la compréhension des relations homme nature et permettant la résolution de problèmes liés à la crise climatique. Car il ne faut pas oublier que plusieurs facteurs entrent en jeux lorsqu’il s’agit de problèmes environnementaux impliquant ainsi l’union de diverses sciences.  

Pignocchi se lance alors dans le monde de la BD, un support intéressant facilitant la compréhension d’un sujet complexe et le rendant accessible à un public plus large. Avec le petit traité d’écologie sauvage l’auteur se lance sur les pas de l’anthropologue français Philippe Descola. Ce dernier est surtout connu pour ses études de terrain en Amazonie équatorienne auprès de la tribu des Jivaros Achuar. À partir de la critique du dualisme nature/culture, il entreprend une analyse comparative entre la relation entretenue avec la nature dans nos sociétés actuelles et celle entretenue par les Jivaros Achuar. Alessandro Pignocchi reprend alors cette idée et nous décrit une société moderne ou la nature est perçue du point de vue de cette ethnie.  

A la fin du roman graphique vous pourrez trouver quelques pages rédigées expliquant le mode de penser des Jivaros Achuar vis-à-vis de la nature. Tout d’abord, j’ai trouvé étonnant de ne pas avoir reçu ces explications avant de me lancer dans l’histoire… Je me disais que j’aurais alors pu comprendre certains éléments qui m’avaient échappé lors de ma lecture. Mais ensuite j’ai compris que le choix de l’auteur est plutôt astucieux car l’effet d’étonnement produit par certains extraits n’aurait pas été le même dans ce cas. Je ne vous en dévoilerai donc pas plus sur cette partie explicative pour que vous puissiez ressentir la même impression que j’ai eu.   

L’auteur a divisé sa BD en différentes parties, Toucans, humains, rainettes etc., anthropologie symétrique et épilogue. En première partie (toucans, humains, rainettes etc.)  Pignocchi expose des sujets de sociétés qu’il nous fait voir d’après les valeurs des Jivaros achuar. Pour cela, il fait souvent appel aux dirigeants politiques, bien que leurs noms ne paraissent pas, différentes personnalités sont clairement reconnaissables, je vous laisserai découvrir de qui il s’agit ! Vous retrouverez ainsi des thèmes liés au mariage, à la chasse, à l’exercice du pouvoir et encore bien d’autres. En inculquant les valeurs de cette ethnie amazonienne dans nos sociétés actuelles certains situations nous paraissent totalement absurdes. Comme le fait que le président russe autorise le mariage entre humains et papayes. 

Dans une seconde partie, soit, anthropologie symétrique, un personnage que l’on reconnait très vite comme appartenant aux Jivaros achuar, joue le rôle d’un anthropologue.  Selon moi, cette figure fait écho à celle de Philippe Descola cité plus haut, son rôle est ici inversé avec celui d’un homme de la tribu des Jivaros. Ce dernier tente alors de comprendre nos uses et coutumes.  

Finalement l’épilogue nous conduit en la dernière phase de notre existence, la mort. On assiste alors à la transformation de l’homme en animal ou encore en végétal.  

Personnellement, j’ai trouvé cette bande dessinée agréable à la lecture et très instructive. Les sujets abordés sont variés mais toujours touchant à notre lien avec l’environnement, certaines petites histoires nous paraissent absurdes mais nous font voir notre manière d’agir vis-à-vis de la nature d’après un autre point de vue, celui des Jivaros achuar. Quant au rendu graphique, tout est très épuré, le choix de l’aquarelle renforce cet effet, un choix astucieux d’après moi car les sujets abordés par l’auteur sont parfois assez complexes et la simplicité du support n’encombre pas notre compréhension de détails inutiles et laisse place aux réflexions personnelles. On retrouve aussi des termes plus techniques, comme celui d’anthropologie symétrique, poussant à la recherche et permettant aux esprits curieux d’en apprendre encore d’avantage sur le sujet. 

 Je recommande cette lecture à toute personne qui s’intéresserait au rapport homme/nature et souhaitant aborder le sujet sous un nouvel angle.